Les crampons ou aussi les fers d'escalade et leur développement
Les crampons font partie de nombreuses randonnées. Nous les choisissons et les traitons souvent comme les parents pauvres de notre arsenal. Pourtant, même sur une pente douce, c'est à eux que l'on fait confiance. Même s'ils sont bien affûtés et bien réglés, leur utilisation peut s'avérer extrêmement problématique si l'on ne trouve pas les bonnes chaussures.
Un peu d'histoire...
Un problème inconnu des pionniers de l'alpinisme. Ils n'étaient pas perdus dans les nombreux rayons des magasins de sport d'aujourd'hui. D'ailleurs, à l'époque, disons dans les années 1800, il n'y avait que des Tricounis et rien d'autre. C'est ce qu'on appelle les "ailes de mouche" : il n'y avait pas à réfléchir au modèle à choisir, il y avait les proverbiales Tricounis avec leurs crochets métalliques fixés à la semelle de la chaussure.
En 1909, un certain Eckenstein construit les premiers crampons au sens contemporain, mais ils sont encore très rustiques : 8 à 10 dents, de grosses lanières et aucun réglage. Pourtant, même sans eux, quelques alpinistes notables obtiennent des résultats étonnants : le Coup de Sable (1895) ou Piaget (1899) aux Écrins en sont des preuves importantes.
Mais comment ont-ils pu progresser sur des pentes de 45°, 50° et parfois même 55° sans crampons ? C'est simple, en coupant des ruches. Des centaines, des milliers de pas effectués à la hache ou à la petite hache. Beaucoup de patience et d'endurance pour tailler, autant d'aptitudes qui définissent un bon grimpeur sur glace. Ajoutons que sur les parois particulièrement abruptes, il fallait tailler des marches même pour les genoux, afin de ne pas être écrasé par la raideur de la pente. La maîtrise de l'équilibre atteignit son apogée dans la célèbre ascension du couloir de Lagarde-Ségogne par deux aristocrates du G.H.M. en 10 crampons. Les ascensions d'aujourd'hui comptent déjà des passages à 85° et une moyenne de 64° sur 300 mètres... Plus personne n'ose grimper sur la neige sans crampons (à l'exception du regretté Stéphane Dewez dans le couloir du sommet de Coolidge qui porte désormais son nom).
Les premières améliorations de Laurent Grivel
Heureusement pour nous, un certain Laurent Grivel reprit les crampons d'Eckenstein et les améliora en 1929, en ajoutant 2 pointes de face, permettant aux grimpeurs de se déplacer directement face à la paroi. Cela a rendu de nombreuses passes plus faciles et, bien sûr, plus rapides.
Ce n'est pas un hasard s'ils ont résolu de nombreux "grands problèmes" de l'alpinisme (surtout dans les années 1930) : Welzenbach avec son ascension de la face nord du Grand Charmoz en 1931 ou le Grosshorn (Oberland) en 1934 en sont de bons exemples. Mais c'est surtout la face nord de l'Eiger, gravie en 1938 , qui constitue la clé du succès de cette période .
En France, un certain Armand Charlet, homme aux centaines d'ascensions sur l'Aiguille Verte, mais aussi "l'homme aux chevilles en caoutchouc", est un représentant typique de la technique des dix longueurs qui perdurera jusque dans les années 1960. Rien n'a autant ébranlé le conservatisme français que l'ascension du Couloir Nord Drus en 1973 par W. Cecchinel et C. Jager.
En ce qui concerne les systèmes de fixation, les crampons sont équipés de lanières de cuir, puis de lanières tissées ou en néoprène. Mais le principe reste essentiellement le même : transformer les pieds en crampons et enrouler les lanières autour d'eux. Mais la chaussure classique en cuir présentait un risque : les engelures dues à une mauvaise microcirculation à l'intérieur de la chaussure. Quant aux réglages des crampons, ils étaient inexistants ou prenaient au moins 3 heures...
Les années 80 ont apporté de nombreuses innovations
L'une des plus importantes est le système"anti-botte"(doublure anti-botte) pour éviter que la neige ne s'accumule sous le crampon (le rendant totalement inefficace) : la plaque de caoutchouc a été inventée par Jean-Paul Fréchin au début des années 80.
Au final, il aura fallu 10 ans pour que cette idée fasse son chemin chez les fabricants et encore 10 ans pour qu'elle soit livrée d'office avec tous les types de crampons. Comme quoi les bonnes idées mettent du temps à faire leur chemin ! De même, de nombreuses idées ont été développées en copiant d'autres sports : un exemple est la fixation automatique sous la forme d'un fil métallique à l'avant et d'un rabat au talon - légèreté, rapidité, mais aussi sécurité, soutenue par une sangle de sécurité supplémentaire (une boucle autour de la cheville). Cette idée a ensuite débouché sur une combinaison : la fixation semi-automatique.
Classiques et innovations
De la manière dont nous avons pu généraliser entre une attache automatique avec un fil à l'orteil (et donc des chaussures rigides avec des rainures à l'avant et à l'arrière) ou une attache semi-automatique (et des chaussures avec une rainure à l'arrière), nous pouvons dire que l'évolution de l'attache va de pair avec l'évolution des chaussures de randonnée. Les premiers crampons durs (Lowy's Footfangs) ont accompagné la naissance des premières chaussures dures (skeleton). Cet exemple, ainsi que le développement de l'escalade sur glace, ont contribué à la grande popularité de l'équipement "fixe".
Mais est-il conseillé d'acheter des crampons rigides en même temps que des chaussures rigides ?
Si le rapport entre la marche(cramponsarticulés) et l'escalade verticale(crampons encadrés) favorise les crampons fixes, cette combinaison n'est toutefois réservée qu'aux meilleurs grimpeurs.
Pour les grimpeurs des classes de performance F à D (léger à dur), il s'agit plutôt de jeter des bâtons sous les pieds et il est préférable d'avoir des crampons articulés pour la marche : 90% suffiront pour les parcours jusqu'à AD (très dur). Différentes marques proposent des crampons hybrides, taillés pour le confort de la marche mais tout aussi adaptables aux terrains escarpés. Par exemple, Black Diamond propose Cyborg, Sabretooth, Serac, Stinger...
Les fabricants de crampons se sont plus ou moins adaptés aux chaussures d'escalade modernes. Cependant, les contradictions entre les chaussures en cuir ou en matière synthétique, avec ou sans rainures ou avec des semelles plus ou moins asymétriques, rendent le choix des crampons difficile. C'est pourquoi il ne faut jamais choisir des crampons sans bottes sous les aisselles. La plupart des fabricants étiquettent les crampons gauche/droite, de sorte que la plupart des types de crampons tolèrent une certaine asymétrie dans la chaussure. Cependant, certaines semelles nécessitent des types spéciaux.
Marche à suivre pour les anciens types de crampons
Une autre grande nouveauté est que certaines marques proposent des cloisons de remplacement. Vous pouvez ainsi adapter vos anciens crampons à des chaussures très asymétriques. Mais parfois, cela ne suffit pas : le fil avant peut être trop grand pour les chaussures de précision les plus récentes, et le talon peut également poser problème. Il faut donc ajuster le fil ou simplement choisir un modèle semi-automatique avec des sangles à l'avant.
Les matériaux
En ce qui concerne les matériaux, le développement a également progressé. Fini les boucles qui vont où elles veulent et les sangles qui se tordent lors de la marche avec des pointes maladroites : les fabricants proposent désormais des sangles en plastique moulé, dont l'avantage est justement la facilité de mise en place.
Maintenant que vous avez compris les bases, que vous avez deviné que le choix d'un crampon va de pair avec le choix d'une chaussure, il ne vous reste plus qu'à apprendre à chausser correctement vos nouveaux crampons et à ne pas les perdre au premier craquement.... et le tour est joué !
Consultez cet article sur le choix des crampons.